En fait, c’est pas tout à fait ça. Il est vrai
que, pour la question du physique, le temps n’est pas forcément notre meilleur
allié ; les kilos sont plus difficiles à perdre, les petites rides font
leur apparition, les premiers cheveux blancs etc… mais tout cela, aussi bizarre
que ça puisse paraître, n’est pas vraiment un frein aux rencontres et à
l’amour. L’amour peut frapper à tout âge.
Le véritable frein, c’est nous même. En vieillissant, on devient juste plus exigeant
et plus sélectif. Après toutes les embûches, les relations foireuses et les
ruptures difficiles, nous ne souhaitons pas reproduire les mêmes erreurs. Aujourd’hui on sait ce que l’on veut et
surtout ce que l’on ne veut pas !
Pendant des années, voulant désespérément
vivre le grand amour, on s’accrochait comme une moule au rocher à des hommes, au point d’être bien peu
regardante sur l’état du rocher. On choisissait un homme et on s’évertuait à
vouloir le changer, des années durant, pour qu’il corresponde à notre
« idéal ». On taillait la roche, on la façonnait, tel un lapidaire, en
espérant obtenir une pierre précieuse mais c’était peine perdue.
Aujourd’hui, fortes de nos expériences, il
n’est plus question de cela. C’est beaucoup trop d’efforts pour peu de résultats.
Notre pierre précieuse doit nous tomber, dans les mains, déjà toute prête dans
un joli écrin de velours.
Alors on se fait une vision précise du futur
cher et tendre ; il sera beau, gentil, drôle, viril, attentionné,
intelligent, une bonne situation, un chez lui, mature et posé etc… Et tous les
hommes que nous allons rencontrer seront passés au crible et s’ils présentent
le moindre « défaut de fabrication » ils passeront à la trappe. Zéro
concession, pas de temps à perdre.
Mais je me demande si nous ne commettons pas
là une grosse erreur ? Ne fermons-nous pas la porte à de belles rencontres
et à de belles histoires en étant aussi exigeantes ? Ne gagnerons nous pas
à être justement plus tolérantes en vieillissant ? Devons nous laisser nos
déceptions passées nous pourrir la vie jusqu’à la fin des temps ?
Nous avons tous nos défauts et la recherche de
l’homme ou de la femme idéal risque d’être une quête infinie vers un bonheur
incertain.
En vieillissant nous devenons plus exigeants,
c’est indéniable, mais ne sommes-nous pas sensés devenir aussi plus sages?
Si nous passons au crible chaque homme sur
notre chemin, ne serait-il pas préférable de les juger sur leurs actes plutôt
que sur leurs « défauts de fabrication » ? Cet homme qui, au départ,
ne présente pas tous les critères de sélection souhaités, mais qui se tient
devant nous la tête haute, qui se montre tel qu’il est, sans détour, et qui
nous voit tels que nous sommes réellement, ne mérite-t-il pas notre
considération ?
Et si l’homme « idéal » n’était pas
celui qui répondait à tous nos critères sans exception, mais, tout
simplement, celui qui saurait faire ressortir le meilleur de nous même.
Bon cela ne veut pas dire qu'il faille sortir avec tout et n'importe quoi, un minimum d'exigence ne fait de mal à personne.
Mais peut être que l’homme qui nous apparaît, aujourd’hui, comme
étant un vulgaire caillou insignifiant peut s’avérer être un diamant à l’état
brut d’une valeur inestimable. Sans doute cela vaut-il la peine d’y regarder
d’un peu plus près.
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