Mouvement contre le Harcèlement de Rue : explications et conseils.

J’entend beaucoup parler, en ce moment, du harcèlement de rue que, nous autres les femmes, subissons au quotidien. Alors j’en profite, je surfe sur la vague et je souhaite moi aussi aborder ce sujet qui touche un grand nombre d’entre nous ! 

En fait, cela fait pas mal d’années que ce phénomène fait partie intégrante de ma vie et je sais que je ne suis pas la seule malheureusement.

Je n’avais que 12ans quand je fus confrontée, pour la 1ère fois, à un acte odieux dans le métro parisien ; un homme d’un certain âge s’est assis à coté de moi et a commencé à se tripoter, enfin à se masturber (n’ayons pas peur des mots) en cachant son sexe derrière des sacs de courses en plastique (pour la discrétion, il repassera !). Heureusement j’étais accompagnée de mes grandes sœurs, elles même habituées à ce genre de démonstration en public, et elles m’ont sauvée rapidement de ce spectacle dégueulasse.

Cette anecdote fut la première d’une LONGUE série qui me poursuit encore jusqu’à aujourd’hui, si bien qu’à un moment, j’ai même cru que j’étais un aimant à connards, pervers, obsédés, détraqués sexuels et barjots en tout genre.

Pourtant, grâce à ma mère et à mes sœurs j’ai appris très jeune à me méfier de tout et de tout le monde, développant une prudence démesurée virant parfois à la paranoïa chronique « il me suit le mec, il me suit… putain… il va m’agresser… ah non il remonte juste le zip de sa veste… aux temps pour moi ! »

J’ai pris certaine habitude pour éviter les situations à risque ; j’évite de rentrer tard toute seule le soir, je change de trottoir ou de siège dans le RER si je vois quelqu’un qui me semble suspect, mais malgré cela, rien y fait, je reste la proie d’agression en tout genre, allant du camionneur qui vous klaxonne, du mec qui vous siffle comme un toutou, aux insultes quand vous faites mine de rien entendre, ainsi que ceux qui se permettent une main au fesse ou pire qui s’exhibent, déballent la marchandise sans complexe et se tripotent sans vergogne.

Je ne compte plus le nombre de « zizi » qu’il m’a été donné de voir sans mon consentement dans la rue ou dans les transports. Et si je devais ajouter les anecdotes de mes amies (oui car je suis loin, TRES LOIN, d’être un cas isolé) on ne s’en sort plus !
Ces agressions font partie de notre quotidien, si bien que cela semble être une banalité ou plutôt une fatalité à nos yeux. Nous devons vivre avec et c’est tout !

Et pourquoi ça ? NON ! Le harcèlement de rue n’est pas une fatalité ! C’est inacceptable, intolérable, indésirable… et tout plein d’autre adjectif en « able » !

Le problème est que ça reste un sujet dont on parle peu et qui est peu connu de la gente masculine. Lorsqu’une agression de ce genre nous arrive nous avons tendance à nous taire. On le raconte, au mieux, à quelques copines car elles nous comprennent, l’ont déjà vécu, elles sont scandalisées, écœurées puis on finit par en rire quelques jours après.

Mais si vous tentez d’en parler à un homme, sa réaction risque de vous surprendre, il prendra un air complètement ahurie car pour lui c’est de la science fiction : « tu déconnes, ça n’existe que dans les films ça… attend moi aussi je prend les transports et je n’ai jamais assisté à ça… bon je sais que y’a des malades mais personne ne se masturbe en public… tu devais être habillée sexy pour que ça t’arrive ! »

PREJUGES ! C’est dingue ! Vivons-nous vraiment dans le même monde ?

Non ça n’est pas une question de tenue sexy ; je ne m’habille pas particulièrement sexy quand je me rends au travail et si tu voyais ma tronche en rentrant du boulot, on est très loin du glamour. 
Même si, effectivement, une petite jupette, dévoilant de jolies gambettes, peut attirer le regard des vicieux, ça n’est pas le seul critère de sélection pour eux. D’ailleurs la plupart du temps il cherche à provoquer une réaction outrée ou choquée chez sa victime, alors il prendra pour cible, une femme qui lui paraîtra prude et innocente. Vous pouvez sortir en jogging sans maquillage et vous faire agresser. Et même ma mère, du haut de ces soixante ans, a eu affaire à un masturbateur dans les transports. Nous sommes toutes des cibles potentielles qu’importent nos âges, nos origines ou bien la tenue qu’on porte.

Donc, le préjugé de la salope qui l’a bien cherché, ON OUBLIE !

Mais quels sont nos moyens de lutter contre ce phénomène ? 
Et bien il faut surtout en parler mais pas que.

Un jour alors que j’allais au travail de bon matin, sous une pluie battante, un individu m’a surprise en me mettant une main aux fesses, si on peut appeler ça comme ça (enfin il n’y pas été de main morte quoi) puis il est partit en courant ! Il m’avait fait mal ce con ! J’ai essayé de le rattraper mais il courrait vite. Je lui criais des insultes au risque de passer pour une folle mais même si j’avais pu le rattraper qu’aurais-je pu faire ? je décide d’abandonner et j’arrive au travail où je raconte à mes collègues masculins ma mésaventure. J’étais révoltée et je leur indique que je compte porter plainte ! « hahaha t’es pas sérieuse on ne porte pas plainte pour une main aux fesses ! »

ET POURQUOI PAS ? C’est vrai, c’est une agression sexuelle, cet homme m’a touchée sans mon consentement. De quel droit a-t-il fait cela ? Et il va surement recommencer. Aujourd’hui c’est une main aux fesses, demain ça sera quoi ? Un viol ? Un meurtre ? Faut-il attendre d’en arriver là ?
Je ne les ai pas écouté et j’ai été porté plainte contre X. Au début, je pensais, naïvement, que la police aurait la même réaction que mes collègues. Et bien j’ai été surprise de voir que pas du tout. Ils m’ont encouragée dans la démarche.
Même si cela n’a rien donné pour cette fois, ça m’a soulagée psychologiquement. J’avais le sentiment de me battre au lieu de rester les bras croisés. Car, ne rien faire et laisser couler, c’est pour ainsi dire, cautionner cet acte !

Bien sur, c’est plus compliqué s’il s’agit d’une agression verbale, type insultes ou autre allusions sexuelles douteuses. Pour ça, malheureusement, il n’y a pas de solution miracle vous pouvez choisir de répondre ou d’ignorer le résultat est souvent le même.
L’important étant de sensibiliser le plus de gens possible sur le sujet pour que ces individus ne soit plus tentés de proférer ces allusions.


De nos jours et dans une société moderne comme la nôtre, nous devrions pouvoir sortir de chez nous sans avoir la boule au ventre ! C’est un minimum !

Pour ma part j’ai la chance d’avoir une sœur jumelle qui est une vraie Warrior lorsqu’il s’agit d’agressions dans la rue ! Une véritable héroïne qui vole au secours de la veuve et de l’orphelin qu’importe les risques encourus ! 
Je suis souvent en admiration quand elle me raconte comment elle a réagit dans telle ou telle circonstance. Bon j’avoue que la plupart du temps je lui dit qu’elle est complètement inconsciente mais parfois j’aimerais avoir le quart de son courage en face d’un homme qui fait 2 têtes de plus qu’elle et l’affronter sans craintes ! Malheureusement je suis une trouillarde.


Alors voici quelques conseils en vrac de la Warrior, ma super sœurette, avec des méthodes de dissuasion qui ont fait leurs preuves:

1) un homme se masturbe, se tripote, joue avec son engin devant vous dans les transport :

- 1ère option : Parlez lui, posez lui des questions « pourquoi vous faites ça monsieur ? Vous savez qu’il y’a du monde ici et que ça peut choquer des gens ? » « c’est mal ce que vous faite monsieur, avez-vous envisager de consulter un médecin ? » 
Il faut garder un ton calme, ne vous offusquez pas car c’est ce qu’il recherche. Le fait de lui poser des questions et de lui parler calmement va le déstabiliser

- Autre méthode plus radical, qui marche bien mais qui peut être risqué ; vous sortez votre téléphone portable et filmez-le en le menaçant de poster la vidéo sur internet. Le risque étant qu’il s’énerve et casse votre téléphone mais en général ça lui coupe net l’envie de se tripoter.


2) il y’a de l’affluence dans les transport et un homme en profite pour vous toucher ou pour se frotter :

-1ère main baladeuse, on ne dit rien ça peut être un accident, 2ème fois ça se précise, 3ème fois vous tapez un scandale « arrêtez de me toucher monsieur ! Vous êtes un porc » il répliquera sans doute que vous êtes complètement folle il dira peut être que vous êtes moche et que vous ne l’intéressez pas mais il aura quand même eu la honte de sa vie et il se tiendra à distance de vous.


3) vous êtes accosté par un ou plusieurs mecs un peu virulent qui vous font des allusions et proposition douteuses :

- si vous êtes seule on ne cherche pas les problèmes on essaye de se faufiler et de partir, on rejoint un endroit ou il y’a du monde. 

-En revanche si vous êtes coincée, dans un wagon par exemple, il faut faire avec, alors on ne les ignore pas. Essayer de faire en sorte que ce n’est plus lui qui domine la conversation et d’inverser les rôles: 
« t’es bonne, c’est quoi ton p’tit nom ? » à vous de répondre « ah salut moi c’est Eglantine enchantée de faire ta connaissance et toi tu t’appelles comment ? Tu fais quoi dans la vie ? Ah c’est cool ! Bah moi je suis coiffeuse blabla ! » 
Faites en sorte que ça ne soit plus lui qui pose les questions mais vous, et il sera désorienté de voir que vous n’avez pas peur de lui.

Dans le cas ou il est plus vulgaire du genre: - « ah toi je suis sur que tu suces, t’aimes sucer des bites hein ? » à vous de répondre : - « ouais ça m’arrive, bien sur que je suce, quand je suis avec mon copain on fait plein de trucs, des câlins et tout… et toi quand tu as une copine t’aimes bien aussi faire des câlins ? T’aimes bien quand ta copine le fait ? Alors ? » Ou sinon plus basique « t’as une mère ? Des sœurs ? Des cousines ? ça te plairait de savoir que des mecs leurs parlent comme toi tu me parles ?»

Dans tous les cas ne vous éternisez pas.

Ce qu’il faut retenir, quelque soit la situation, c’est que l’homme qui vous agresse se considère comme un prédateur et vous considère comme une proie, l’important étant, justement, de lui montrer que vous n’en êtes pas une, parlez lui d’égale à égale et surtout garder votre calme, ne pas insulter ne pas crier à part, bien sur, si vous pensez être vraiment en danger, pour crier à l’aide 


Le harcèlement de rue n’est pas une fatalité, mobilisons nous !


Ps : à lire aussi l’article Stop Harcèlement de rue de DIGLEE qui est une artiste et écrivain que j’apprécie beaucoup et qui est à l’initiative du mouvement !
















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